Nos Synthèses...

   Micha :

L’année de terminale rime bien sûr avec BAC, mais aussi, et c’est une chose non négligeable, avec le doux sigle de T.P.E. Derrière ces 3 lettres anodines se cache en réalité l’un des rouages les plus enthousiasmant que l’Education Nationale a su imaginer !

C’est une occasion pour nous élèves, de construire un dossier centré autour de la problématique de notre choix, et de montrer nos capacités à raisonner de manière logique.

Pour ma part, je vois la chose comme un défi : prouver que je suis, du haut de mes 16ans, capable de ficeler un raisonnement sensé et de maîtriser des connaissances non enseignées au lycée.

C’est ainsi que, par un pur hasard, je suis tombé en novembre dernier sur un excellent article de Science & Vie présentant les dernières avancées de la psycho-médecine. J’avais déjà entendu parler des placebos, ces « médicaments » dépourvus de tout principe actif, et le sujet m’intriguait. C’était donc une parfaite occasion de s’intéresser de plus près à l’un des phénomènes les plus mystérieux de la médecine. La possibilité d’allier SVT et Philosophie, deux matières qui m’intéressent tout particulièrement cette année m’a tout de suite séduite. Il m’a cependant fallu convaincre Cyril qu’une telle association de matière était réalisable.

Le choix de la problématique a été assez simple. Nous trouvâmes primordial de bien définir ce qu’était l’effet Placebo avant de montrer son mécanisme ainsi que les facteurs qui l’influencent.
Nous choisîmes ainsi « Qu’est ce que l’effet Placebo, et quels sont les facteurs pouvant l’influencer ? »
Les 2 heures hebdomadaires allouées à ce projet ont bien évidemment tout d’abord été des heures de recherche documentaire. C’était la première réelle difficulté dans notre travail. La documentation écrite sur le sujet n’est pas très riche, et malgré un excellent livre de Patrick Lemoine, nos nous trouvions que peu de réponses aux questions centrales de notre problématique.

Trouver des informations sur Internet était encore plus risqué ; le web étant truffé d’articles fort subjectifs écrits par des défenseurs ou des détracteurs de la théorie de l’influence du corps sur l’esprit.

Néanmoins, nous trouvâmes (après un long écumage des ressources informatiques) quelques dossiers fort bien faits qui devinrent nos sources privilégiées. Parmi elles, l’excellente « pharmacologie du Placebo » ou encore le site « Le cerveau à tous les niveaux ».
Si la démarche centrale était de découvrir comment une substance dépourvue de tout agent actif peut améliorer l’état de certains patients, il était tout de même primordial de raccrocher notre raisonnement à l’histoire de la médication et du Placebo afin de l’intégrer au thème « Hériter & Innover ».

Notre raisonnement se construisit dès lors en trois partie : l’effet Placebo ; son fonctionnement ; et les facteurs qui l’influencent.

En parallèle de ce cheminement classique de « recherche – analyse - interprétation », il nous est venu l’idée de mener une expérience "vivante" afin d’illustrer notre travail d’une manière quelque peu originale.
L’idée était de mettre en évidence l’existence de l’effet Placebo avec des moyens simples : des gélules de vitamine C, des placebos à base d’amidon facilement obtenus à la pharmacie, et (surtout) notre ingéniosité ! Nous avons ainsi convaincu 12 lycéens de participer à une soit disante « Cure de vitamines ». Si la moitié de nos chers cobayes a bien reçu les vitamines promises, l’autre moitié a dû se contenter de gélules à base d’amidon. Qu’à cela ne tienne, après 2 semaines de "traitement", les 2/3 des testeurs de placebos déclaraient ressentir une amélioration de leur mémoire et de leur concentration !

Certes, notre démarche ne peut prétendre démontrer quoi que ce soit, mais elle nous permet néanmoins d’illustrer un phénomène clinique complexe… et détient certainement une part de vérité !

Sortant du cadre traditionnel, cette expérience, si elle ne représente finalement qu’une part limitée dans la production finale a tout de même nécessité énormément de temps de préparation. La recherche des testeurs, leur persuasion, la distribution des boites de gélules et des questionnaires… tout ceci nous a largement occupé durant le mois de janvier.

Il a fallu ensuite se reconcentrer sur le travail écrit pour aborder les deux grands blocs de notre dossier : le fonctionnement de l’effet Placebo et les facteurs qui l’influencent.

En ce qui concerne l’origine de ce phénomène, il a fallu résumer des hypothèses psychologiques parfois complexes, comme celle de la dissonance cognitive.
L’expression physiologique du phénomène Placebo liée à l’action des endorphines a par ailleurs été la plus ardue à saisir. Je ne pensais pas au début de notre travail que j’aurais l’occasion de redécouvrir de manière plus approfondie le fonctionnement des synapses inhibitrices… Même si cette partie « biologique » du dossier n’a pas été la plus facile à concevoir, elle représente au final un ensemble de notions claires et concises.

La dernière partie du dossier, articulée autour des facteurs d’influencede l’effet Placebo nous a également réservé son lot de difficultés. En effet les notions philosophiques de maladie et de guérison ont été plus difficiles à intégrer que prévu. J’ai pu découvrir des notions comme la maladie iconoclaste grâce au cours de philosophie de première année de médecine. Le rôle du médecin, sur lequel le patient peut faire un transfert freudien est également primordial.

Progressivement, j’ai pris goût à la construction de ce dossier ! L’intérêt pour le sujet devient grandissant lorsque on a enfin le sentiment de maîtriser des notions-clés !

En ce qui concerne ma part de travail, je dois bien avouer qu’elle a été essentielle, voire centrale… Contrairement à l’an dernier, je me suis très rapidement senti concerné et motivé par le sujet. J’espérais également avoir une bonne expérience du travail en groupe, mais celui-ci a été limité par cette sorte d’hégémonie que j’ai malheureusement dû exercer au sein du groupe… Je proposais, Cyril acquiesçait.
Je sais que j’ai tendance à être directif dans mes travaux en groupe, à vouloir imposer mon opinion. Mais durant ces quelques mois de travail, je n’avais en face de moi aucune réelle opposition, aucune initiative. Je n’ai rien à reprocher à Cyril, il a fait sa part de rédaction… mais je n’ai pas pu m’empêcher de repasser derrière ! C’est un problème, et je suis conscient que j’ai raté cette année l’occasion d’avoir une réelle expérience de travail en groupe… c’est bien dommage.

Les Travaux Personnels Encadrés ont néanmoins été une expérience largement positive. Approfondir ce sujet mêlant biologie et psychologie m’a réellement passionné. Le fait que l’effet Placebo demeure un mystère et que les notions abordées sont toujours à la frontière des connaissances actuelles était une motivation supplémentaire. Chaque nouvelle notion comprise me donnait l’impression de faire une découverte scientifique. Il ne faut par ailleurs surtout pas négliger la phase de recherche documentaire des premières séances ! Je me suis rendu compte que même lorsqu’on se sent noyé dans des vagues d’informations incompréhensibles, le fait de s’immerger dans les différents documents apporte tôt où tard une aisance à la compréhension.
Rechercher, analyser et interpréter… tels sont les rouages de travail documentaire. Mais il est tout aussi important de rendre la production écrite concise, claire et surtout logique. Je pense avoir développé ces aptitudes tout au long de ma démarche. Par ailleurs, la réalisation du site web m’a permis de me refamiliariser avec certaines techniques que je n’avais plus utilisé depuis longtemps.

Enfin, alors que l’avenir des TPE pour les « générations futures » est incertain à l’heure où j’écris ces lignes, je ne vois d’autre choix que de considérer mon travail, ainsi que tous ceux des futurs bacheliers 2005, comme une sorte de dernière apogée de l’initiative personnelle…! Une démarche qu’il serait bien dommage de voir disparaître…  

   Cyril :

Nous avons choisi le sujet des placebos dans le cadre des TPE parce que cette thématique nous intéresse tout particulièrement. L’effet placebo est très sournois, car il exploite notre confiance totale dans la médecine moderne. Il peut nous arriver de rire de certaines croyances africaines, qui par exemple laissent croire qu’on peut soigner les rhumatismes en mangeant telle ou telle espèce de chauves souris rarissimes. Cependant le fait que l’on observe des signes de rétablissement du malade en lui prescrivant des gélules de sucre, nous fait relativiser et en définitive, la médecine moderne et occidentale aussi bien que les croyances tribales touchent toutes les deux notre psychisme et font appel à nos croyances. L’effet placebo n’est possible que grâce à notre foi en la médecine moderne et dont les avancées sont saluées par tous les médias. Notre sujet de TPE s’insère très bien dans le thème hériter et innover, car l’étude de l’effet placebo nous permet au fond de faire un trait d’union entre d’anciennes croyances en médecine et les progrès réaliser dans l’industrie pharmaceutique.

Concernant l’élaboration de la problématique, il nous immédiatement paru important de bien distinguer le placebo de l’effet placebo. Puis notre thème étant hériter et innover l’aspect historique du placebo n’a pas été négligé. Tout d’abord on pensait choisir le couple de matière biologie et chimie, l’aspect biologie concernant la guérison et l’individu, l’aspect chimique expliquant ce que sont un médicament et les défenses chimiques et moyens de guérisons de notre organisme. Mais ce projet a été abandonné, jugé insatisfaisant, on sentait qu’on allait faire fausse route. Des le début de nos recherches généralistes sur le sujet, on a relevé que le sujet des placebo est souvent lié a un aspect philosophique ou plutôt psychique. Notre projet de plan de réponse s’est alors orienté de la sorte : un historique avec les définitions importantes, une partie d’analyse d’expérience montrant l’effet placebo, ensuite les explications de l’effet placebo et une conclusion. Le couple de matière servant principalement d’explication de deux points de vue différent, deux manières de voir les choses. L’idée de faire notre propre expérience dans notre lycée nous est venue des nombreuses grandes études statistiques montrant (faute de pouvoir le démontrer) l’effet placebo. Nous avons donc pris contact avec des connaissances diverses en classes de première ou de seconde, croyant que nous testions l’efficacité de vitamine du commerce. L’objet de notre étude était bien sûr de comparer les effets de placebos et de vitamines sur des lycéens. Notre population se composait de 12 personnes, 6 garçons, 6 filles. A 3garcons et 3 filles ont a donné des vitamine du commerce et aux autres ont a donné des gélules d’amidon vendues en pharmacie. L’expérience s’étalait sur deux semaines et les résultats sont exploités dans la production écrite (donc sur le site Internet). Je pense que l’expérience, aussi modeste soit-elle, s’intègre très bien à l’esprit TPE, qui prône la démarche personnelle.


La réalisation d’une expérience comme celle-ci demande une grande organisation et une efficacité rapide étant donné que l’expérience n’était pas prévue initialement,et que donc, nous étions pris par le temps. Heureusement, les vacances de noël sont arrivées aux bons moments, nous permettant de finir les préparatifs pour pouvoir lancer notre expérience dès la rentrée. Lors de cette expérience, il a donc fallu récupérer par deux fois les informations de tous nos « cobayes », puis les analyser, et les restituer de façon a intégré l’expérience dans la production finale. Les difficultés rencontrées lors de ces TPE ont donc été liées à cette expérience, auxquelles s’ajoutent celles de réaliser une réponse précise à une telle question. Ces difficultés sont les suivantes : élaborer un plan de réponse cohérent dont les parties se suivent logiquement ; amasser, trier et synthétiser des document qui correspondent dans la mesure du possible à l’idée qu’on voudrai développer en accord avec notre plan. Plusieurs modifications ont été effectué sur le plan pour arriver à ce qui nous sembles le plus juste.

Au début de l’expérience, le travail était surtout de la recherche documentaire, qu’on soit à la maison ou au CDI, notre travail est le même pour les deux membres du binômes. L’idée de l’expérience, lancée par Micha, qui se sentait tout à fait à l’aise dans ce domaine, en tant que gérant des opérations, m’a plus. J’ai participé à la collecte des informations et à leur synthèse. Pour le reste, je me suis plutôt concentré sur la partie biologique des TPE. Micha s’est occupé de la partie philosophique et de la mise en page, c’est à dire de la création du site internet. Micha étant un connaisseur en informatique contrairement à moi, je ne pouvais rien pour l’aider, sinon prendre en charge l’aspect rédaction des textes faisant office de réponse. Ainsi nos différentes aptitudes ont pu être réunies pour ces TPE.

Je pense que ces TPE ont été une nouvelle occasion d’acquérir des savoirs. L’aspect collecte, tri et synthèse des documents a été mieux assimilées que l’année dernière, qui constituait un premier essai. J’ai vu comment se déroule une petite étude statistique, les types de problèmes que l’on est susceptibles de rencontrés et comment on les résout. Bien sur, on a augmenté nos connaissances en biologie humaine ainsi que dans l’aspect philosophique de la guérison. Pour quelqu’un qui comme moi va suivre les cours d’une première année de médecine l’année prochaine, ces connaissances ne seront pas superflues, même si elles ne constituent qu’une infime partie des connaissances enseignées en première année de médecine.