Le malade et son mal...

   


Un placebo est une pilule d’eau et de sucre qui ne contient aucun ingrédient actif.
L’effet placebo, c’est l’ensemble des facteurs culturels et relationnels qui font qu’un malade se sent mieux lorsqu’un médecin lui prescrit une cure, quelle qu’elle soit.
L’importance de l’effet placebo conduit à s’interroger sur son mécanisme, et surtout sur le profil du malade et de la relation qu’il a avec son mal.

Il est indispensable, pour qu’un effet Placebo puisse survenir, que la situation pathologique en cause soit amendable, susceptible de variations, de guérison ou de rémission spontanées.

L’arrêt cardiaque n’est pas une situation favorable à l’observation d’un effet placebo. Les symptômes d’un cancer évolué, d’une polyarthrite déformante sont quelquefois influencés par un placebo, mais non le pronostic vital ou fonctionnel.
En revanche, les affections à forte composante psychologique  sont candidates à une modification radicale de leur expression sous placebo, tout comme la douleur sous toutes ses formes et indépendamment de sa cause.

L’existence de personnalités placebo-sensibles ou placebo-résistantes est controversée. Il est probable que certains profils psychologiques sont plus sensibles au placebo, tout particulièrement les sujets anxieux.

Cependant :
Il est impossible de prédire avec certitude avant l’administration d’un produit si un effet Placebo surviendra ou non d’après les données de l’entretien, de l’examen préalable du patient, et même des tests psychométriques.

un même patient peut répondre ou non à un Placebo à différents moments de
l’évolution d’une maladie. Cette inconstance de l’effet placebo rend illusoire tout espoir de détection préalable du candidat éventuel à un traitement placebo.

On peut alors s’interroger sur la signification de la maladie dans le cadre du phénomène Placebo.

Le terme maladie désigne dans le dictionnaire une altération organique ou fonctionnelle considérée dans son évolution.
Armé de cette définition, il est possible de considérer tous les malades comme atteints d'un disfonctionnement.
Et, il faut bien admettre que théoriquement tout cela est rationnel: si c'est une panne dans un mécanisme, une action réparatrice va être possible grâce à un médicament.

Mais de nos jours, la maladie n'est plus ce dont vient témoigner un malade. C’est plutôt ce que l'on découvre à la grande surprise de l'intéressé.
Cela revient à dire que le diagnostic « je suis malade » ne relève plus de la subjectivité du malade mais de l'objectivité obtenue par un dépistage incontestable de signes anormaux mesurables, anatomiques, biochimiques ou physiologiques.

Comprenons la déception du malade ! C'est une véritable blessure qui le met en question en faisant porter le doute sur le témoignage de sa conscience, de ce qu'il a de plus précieux. A son médecin qui lui demande: Comment allez-vous? Il n'ose plus répondre Je vais très bien et ne peut que dire : Comment vont mes analyses?
Le patient dans son individualité a disparu, il risque bien de croire qu'il n'est plus qu'une mécanique qui doit être sans cesse réglée et donc qu'il ne guérira jamais!

Cette maladie organique décelée par les analyses s’accompagne toujours d’un aspect psychologique.
Pour la plupart des individus, la maladie à un effet iconoclaste.

Le malade se sent atteint dans son corps, dans ce corps qui est le médiateur absolu avec son monde et qu'il aime le plus souvent ou, tout au moins, à qui il sait gré de se faire oublier dans la pleine santé: c'est dire qu'à travers son corps c'est son esprit et son monde qui sont atteints, au risque d'être progressivement brisés s'il ne « croit » pas retrouver la santé.

La maladie affaiblit le « Je peux » du patient et en conséquence le fait douter de l'avenir inconnu.
En fait, il se prend à douter de sa capacité à assurer le changement.

C’est à ce niveau qu’intervient le médicament (qu’il soit actif ou non) : Il représente une planche de salut permettant de sortir de la maladie et retrouver la santé.

Le Placebo s’adresse donc directement à l’esprit du malade. Si ce dernier croit à sa guérison, la prise du Placebo va diminuer sa souffrance psychologique.
C’est finalement la douleur physique qui sera diminuée par les mécanismes vus précédemment !

Le Placebo fait son effet : le malade ressent une amélioration de son état.


 Vers : La médecin, acteur de l'effet Placebo