Hypothèse neurobiochimique : l'action des endorphines...

   


De nombreuses recherches ont été menées dans le but de découvrir les mécanismes de l'effet placebo. C'est ainsi, qu'au jour de nombreux résultats, les scientifiques ont convergé vers une même hypothèse : la sécrétion d'endorphines.

Voyons d’abord comment a été mis en évidence le lien entre l’effet Placebo
et l’action des endorphines :

En 1978, le médecin californien John Levine soulageait la douleur due à une extraction dentaire, soit par de la morphine, soit par un placebo.
En administrant à ses patients un produit qui bloque l'action des endorphines, il a constaté que ce produit, la naloxone, annulait également l'effet du
placebo.
Il démontrait ainsi indirectement le rôle des endorphines dans
l'effet placebo.



    Mais que sont les endorphines ?

Les endorphines sont des  substances chimiques ayant les mêmes propriétés que l'opium et ses dérivés (morphine…) mais produite à l'intérieur du corps humain, sous l'expression d'un gène spécifique.
Il s’agit de neuromédiateurs, des polypeptides qui régulent l’intensité des
messages nerveux au niveau des synapses grâce à leur pouvoir inhibiteur.
La ß-endorphine, molécule d’endorphine la plus commune chez l’homme est composée d'une chaîne de 31 acides aminés.

Elle est principalement secrétée dans l’hypothalamus et peut passer dans la circulation générale pour atteindre ses « neurones - cibles ». Si l’action des
de ce neuromédiateur se concentre surtout dans l’encéphale, on trouve également des récepteurs à endorphines dans la peau, les intestins et le coeur.

    Quelle est l'action des endorphines ?

L'endorphine comme tous les dérivés et substances proches dans leur action de la morphine, est un anti-dépresseur. C'est-à-dire une substance qui a
pour effet de diminuer l'activité cérébrale et la perception de l'environnement qui entoure la personne; et donc de diminuer sa perception de la douleur.

On peut distinguer deux mécanismes différents liés à l’action des
endorphines dont les résultats se cumulent.

    Une action analgésique (contre la douleur) sur les neurones
      post-synaptiques du thalamus

Le premier pôle d’action des endorphines est le thalamus. Il s’agit d’un centre intégrateur du système nerveux qui joue le rôle de relais entre l’organisme et le cortex cérébral, centre décisionnel de l’encéphale.
Des neurones de toutes les parties de l’organisme convergent vers le
thalamus et y font synapse.
C’est au niveau de ces zones de contact entre deux neurones qu’agissent les endorphines.

Voici tout d’abord une animation représentant une connexion classique entre deux neurones.
Par exemple, un neurone sensoriel arrivant d’un muscle au thalamus.


 

Le message nerveux (de douleur par exemple) chemine sous forme
d’activité électrique à travers l’axone jusqu’à arriver à la synapse.
Au niveau des boutons terminaux axoniques, le message électrique est
traduit sous forme chimique et provoque l’exocytose. Des molécules du neurone pré-synaptique  libèrent leur contenu, des neurotransmetteurs,
dans le milieu synaptique.

Ces substances se combinent à des récepteurs post-synaptiques et le message de douleur continue son chemin vers le cortex cérébral après avoir été retraduit en Potentiels d’Action électrique.

Mais en présence d’endorphine, le passage de la synapse prend une
tournure différente :

Les endorphines viennent se fixer sur les récepteurs à neuromédiateurs du neurone post-synaptique et ouvrent le « canal » de ce récepteur.

Les anions chlorures naturellement présents dans la fente synaptique s’engouffrent alors dans le canal ouvert par les endorphines dans le neurone post-synaptique.
Le chlore, porteur d’une charge électrique négative, contribue à rendre le neurone moins excitable. Le neurone est hyper-polarisé et donc inhibé :
l’intensité du message nerveux de douleur est diminuée. L’individu ressent
donc moins la douleur.

En ramenant cette action au cadre de l’effet Placebo, on peut supposer que
le simple fait de prendre un médicament (actif ou non) conduit l’esprit à agir
sur
l’hypothalamus pour accélérer la sécrétion d’endorphines. Celles cis, vont diminuer
l’intensité des messages de douleur en inhibant les neurones arrivant au centre intégrateur du thalamus.


L’individu ressentira ainsi une amélioration de son état : une illustration du pouvoir qu’a l’esprit sur le corps !

    Une action dopaminergique sur les neurones de l'Aire
Tegmentale Ventrale et le noyau Accumbens

L'évolution a mis en place dans notre cerveau des régions dont le rôle est de "récompenser" l'exécution des fonctions vitales par une sensation agréable.
Ce sont des régions (noyau accumbens et aire tegmentale ventrale), interconnectées entre elles, qui forment ce que l'on appelle le "circuit de la récompense".

Le messager chimique qui assure la connexion entre les deux régions de ce circuit est la dopamine. Ce neurotransmetteur est secrété par les neurones
de l’ATV 
(Aire Tegmentale Ventrale) et correspond à un stimuli de satisfaction.

L’animation ci-contre présente deux synapses consécutives au niveau de l’Aire Tegmentale Ventrale.
Le premier neurone (interneurone au GABA) est spécifique de l’ATV.
Le neurone central est dit dopaminergique, c'est à dire qu'il est capable de sécréter le la dopamine.
Le dernier neurone quant à lui est capable de réagir à la présence de dopamine.

Puisque elle présente les mêmes caractéristiques, l’héroïne (utilisée dans l’animation) peut être assimilée aux endorphines.

Quand la molécule de beta-endorphine vient se fixer sur le récepteur aux opiacés du premier neurone, celui-ci ne sécrète qu’une faible dose du neurotransmetteur GABA.

Le canal au chlore du neurone post synaptique ne s'ouvrira donc que peu de temps et le neurone sera faiblement polarisé et donc excité: il sécrètera beaucoup de dopamine qui par une cascade d'événements biologiques générera une sensation de bien-être.





 

 



Si l’effet Placebo conduit à un gain de confiance, à une hausse du moral et à une satisfaction générale du patient, on peut supposer qu’il existe une interaction de ce type avec le « circuit de la récompense ».
Le stimuli de satisfaction envoyé par l’esprit persuadé de recevoir un médicament actif est alors à l’origine de la sécrétion importante de dopamine. Cette hausse du taux de ce neurotransmetteur correspond donc à l’amélioration de l’état du patient.


 Conclusion :

L’expression biologique de l’effet Placebo reste un phénomène énigmatique. Il est évident que l’essentiel de ses rouages reste inconnue, et ce malgré les progrès des neurosciences.

Ces disciplines scientifiques très jeunes ont cependant mis en évidence l’implication des endorphines dans le phénomène Placebo.
Le rôle de ces neuromédiateurs est d’abord d’inhiber les messages nerveux de douleur au niveau du thalamus, un centre intégrateur de l’encéphale.
L’autre action des endorphines se situe au niveau du « circuit de la récompense ».
La présence de neuromédiateurs va alors stimuler la sécrétion de dopamine. Ce neurotransmetteur assure la communication entre les cellules et les neurones et est à l’origine des sensations de plaisir.

Mais ces hypothèses sont hélas insuffisantes pour expliquer biologiquement la totalité de l’effet Placebo !
Car que ce soit dans le thalamus ou dans le « circuit de la récompense », les endorphines agissent comme la plupart des drogues !
Elles peuvent donc donner au malade une sensation de bien-être, mais ne participent pas à la guérison de sa lésion organique.

Sachant que l’effet Placebo est mesurable sur des paramètres objectifs (acidité gastrique, taux de corticoïde ou de cholestérol), on peut donc imaginer que le système nerveux, grâce à l’effet psychologique du Placebo, va influer sur le système immunitaire !


Cette action se traduira alors par une amélioration physiologique de l’état du patient ! Cependant un tel mécanisme reste encore à découvrir…